COLLOQUES 2009-2010



Colloque international : « Les paradoxes de l'empathie : entre émotion et cognition sociale »

Organisation : Alexis Cukier et Catherine Malabou
Date : 15 et 16 janvier 2010
Lieu : Université Paris Nanterre, bâtiment K, salle des conférences, 9h-19h30.
Ecouter les communications du 16 janvier

 
Le premier objectif de ce colloque sera de proposer un état des lieux de la recherche contemporaine sur l'empathie dans les différents domaines des sciences de l'homme. En quoi les nouvelles perspectives théoriques éclairent-elles les mécanismes à l'œuvre dans l'empathie, mais aussi leur portée théorique et sociale ? Cependant, en organisant le colloque autour des notions transversales d'émotion et de cognition sociales, nous aurons pour second objectif de promouvoir des approches, sinon synthétiques, du moins pluridisciplinaires de l'empathie. L'actualité des théories et pratiques de l'empathie, de même que leurs critiques, ne sont-elles pas l'occasion d'ouvrir un nouvel espace de dialogue entre les différents domaines des sciences de l'homme ?
Le colloque s'organisera, en deux jours, autour de 4 thématiques transdisciplinaires :
  •  Entre co-sentir et co-penser : quelle représentation à l'œuvre dans l'empathie ?
  • Entre identification et simulation : quel modèle pour penser l'empathie ?
  • Entre soi et autrui : qui est le sujet de l'empathie ?
  • Entre reconnaissance et coopération : quelle portée sociale de l'empathie?


 


LA VOIX DANS TOUS SES ETATS


Organisation : Martine de Gaudemar
, Anne Lacheret, Olivier Renaut.
Date: 16 et 17 mars 2010

Lieu : Université Paris Nanterre, bâtiment K

Participants: Michel Imberty, Maya Gratier, Iégor Reznikoff, Michel Kreutzer, Jean-Michel Mau

Etude de la voix partant des origines corporelles et pulsionnelles, prélangagières, passant par le langage et la musique (polyglotte) comme intervention dans la langue, et aboutissant à la voix comme claim, demande de reconnaissance et expression d'une exigence et d'une revendication que la socialité ordinaire méconnaît  (la voix au sens de Carol Gilligan, qui peut être portée par les femmes, mais aussi parfois par des hommes capables de parler in a different voice). Cette journée sera interdisciplinaire, avec Sciences du langage, Psychologie, et Ethologie.
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La Voix




TRANSACTIONS SEXUELLES

Date : 27, 28 et 29 mai 2010
Lieu : Lausanne, Génopode A

Ce colloque international a pour objectif d'approfondir la réflexion sur la dimension transactionnelle de la sexualité, en élargissant les angles d'approche et en incitant à la plus grande diversité d'interprétation du continuum des échanges économico-sexuels.
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Colloque international : « La construction des identités. »

Organisation : Alice Le Goff, Marie Garrau, Christian Lazzeri.
Date prévue : juin 2010 REPORTE
Lieu : Université Paris Nanterre.
 
La question de l'identité est devenue aujourd'hui l'une des questions incontournables des débats en philosophie morale et politique contemporaine : elle affecte aussi bien les revendications des minorités culturelles et les politiques publiques qui doivent leur répondre, que les revendications féministes exigeant des transformations dans les dispositions collectives et dans les logiques institutionnelles qui les expriment et les reproduisent. Mais elle affecte aussi le débat proprement social lié au statut du travail et aux formes d'intégration sociale ainsi qu'aux différentes revendications statutaires qui lui sont liées. Enfin, dans un contexte global d'affaiblissement des mécanismes institutionnels d'assignation sociale des identités, les questions autour de l'identité individuelle ont pris une ampleur croissante au cours de ces dernières années. Sans prétendre à l'exhaustivité, on peut dire que l'identité, en débat entre les revendications des mouvements sociaux et les réponses institutionnelles qui leur sont apportées, peut être examinée à partir de plusieurs axes distincts qui ne laissent pas de se recouper.
Une première série de débats qui s'est déroulée aussi bien dans l'aire anglo-saxonne que dans l'aire continentale, met en  avant une opposition entre deux courants de pensée : le premier rassemble, aussi bien parmi les philosophes que les sociologues, les tenants d'une conception identitaire relativement fermée qui, aussi bien au niveau culturel ou ethnique que sexuel, trace autour des identités collectives des frontières relativement étanches, soutenant que les groupes sociaux travaillent perpétuellement à la reproduction à l'identique de leur identité, surtout quand celle-ci repose sur des facteurs qui ont été indexés sur la nature comme la race ou le sexe. Dans ces conditions les phénomènes de classification sociale ne feraient qu'épouser selon des rapports de convenance ou d'adéquation les identités sociales figées et figeraient définitivement les caractéristiques d'individus ou de groupes sociaux donnés. Si on adopte cette approche, les revendications avancées par les acteurs sociaux supposent de manière structurelle des politiques de convenance ou d'ajustement à l'égard de telles identités.
Un second courant qui enveloppe, lui aussi, la philosophie et les sciences sociales opte, à l'inverse, pour une conception relativement fluide des identités qui les présente comme étant essentiellement en transformation sous l'effet d'interactions sociales de reconnaissance ou de métissage culturel et sous l'effet de politiques institutionnelles définies. On a affaire ici à une sorte de constructivisme qui repose sur le postulat d'une « plasticité » quasi totale des identités telles que toutes les constructions sociales de celle-ci soient possibles au moyen de leur historicisation et de leur socialisation intégrale. Selon les partisans de cette approche, les identités ne peuvent être que des identités sociales produites par des dispositifs anonymes et collectifs de pouvoir qui « interpellent » les sujets et constituent leur identité sans qu'on puisse même supposer que ce à quoi ces dispositifs s'appliquent - la « matière » biologique et psychologique de l'individu - demeure extérieure à l'égard de cette prise. C'est ainsi que le corps biologique sexué, par exemple, ne peut plus être placé du côté d'un «donné» naturel que le langage et les normes de la codification sociale investiraient après-coup puisqu'il est lui-même le produit du genre qui le pose comme un extérieur naturel pour légitimer, tout en le rendant invisible, le résultat de sa propre construction. On pourrait soutenir des choses très voisines concernant le statut de la race, de l'ethnie ou de la nation. De ce point de vue, toute référence à des «essences» devrait être rejetée comme une illusion naturaliste et déterministe susceptible de rigidifier et de fixer définitivement des identités ainsi considérées comme socialement acceptables parce que « naturelles », ou considérées comme non naturelles et donc socialement inacceptables. On aurait affaire ici au phénomène typique de la transformation d'une construction sociale contingente en un donné naturel nécessaire, lui-même utilisable en réalité comme norme sociale destinée à produire et diriger des conduites. Dans une telle perspective, on peut parfaitement soutenir qu'il n'existe aucune propriété essentielle ou aucun ensemble de propriétés qui définiraient l'identité humaine comme autant de référents naturels, mais qu'on a simplement affaire à une production subjective de l'identité uniquement fondée sur la représentation de soi induite par des actes de catégorisation, des injonctions, des faits de langage, des «interpellations» ou d'autres types de constructions normatives. Il en découle que toute revendication de reconnaissance des identités qui prétendrait se fonder sur des substrats naturels viserait seulement la restauration d'identités socialement constituées dans lesquelles la demande de reconnaissance contribuerait à s'enfermer, renforçant ainsi les processus dominants de codification sociale. En ce sens, les stratégies efficaces de conflit ne peuvent consister que dans la « déconstruction » des identités assignées afin de déjouer les processus de catégorisation.
Une telle position ne peut cependant s'en tenir à une logique purement  interactionniste constitutive des identités. Elle négligerait une variante aussi bien philosophique que sociologique de la construction de l'identité qui met l'accent sur l'autonomie plus ou moins importante des individus dans le processus de construction identitaire. Dans ce cadre, les individus bénéficieraient d'une certaine autonomie en matière de «choix» et de construction d'identité ou de «bricolages identitaires», dès lors que ceux-ci utilisent les ressources sociales à leur disposition comme autant de matériaux à partir desquels ils peuvent concourir eux-mêmes à la production de leur propre identité. Une telle autonomie trouve sa source dans la multiplicité des rôles sociaux intériorisés qui favorise, dès la socialité primaire, la possibilité d'une distance réflexive à l'égard de ces rôles et permet à l'individu de prendre appui, en deçà de cette socialisation, sur une identité réflexive ou «identité pour soi». Cette distance permettrait à l'individu de ne jamais coïncider avec ses rôles sociaux, de s'en désengager, de refuser les catégorisations classantes et de se rendre disponible pour des projets d'acquisition d'identités possibles par une affiliation choisie en direction d'autruis ou de groupes sociaux considérés comme significatifs avec lesquels s'amorce un processus d'identification. Elle confère en outre à l'individu la capacité de présenter dans les interactions sociales discursives une synthèse cohérente du soi au moyen d'une «narration» qui vise à obtenir une reconnaissance de cette identité. Une telle position introduit évidemment à un débat entre les partisans du constructivisme social selon qu'ils valorisent le poids des interactions sociales ou le principe de l'autonomie individuelle. L'objet de ce colloque sera notamment de confronter ces différentes perspectives, leur fécondité et leurs limites.

Mis à jour le 24 mai 2017