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Penser le néocapitalisme. Vie, capital et aliénation

de Stéphane Haber, éditions Les prairies ordinaires

Publié le 23 mai 2013 Mis à jour le 12 mai 2017
L’univers économique du capitalisme semble s’organiser, d’une part, autour d’une tendance au toujours plus, débouchant sur un mouvement expansionniste global (il y a toujours plus de capitalisme), et, d’autre part, autour d’habitudes et d’institutions qui, tout à la fois, expriment et stimulent un tel impératif d’accroissement illimité. L’explication de ces deux caractéristiques est transparente : la société capitaliste abrite un certain nombre de "puissances autonomes" (des mondes propres, tels que l’univers de la finance, des organisations, comme les entreprises, des dispositifs techniques…) qui, sur la base de la logique du profit, poursuivent inexorablement une fin qui est celle de leur reproduction élargie. Ces puissances trouvent les moyens de poursuivre cette fin, parfois de la réaliser, en entrant en synergie les unes avec les autres.
Pour justifier et préciser cette hypothèse générale, Stéphane Haber montre qu’elle suppose une certaine philosophie de la vie comprise comme ce dont se détachent les puissances autonomes et comme ce à quoi elles s’opposent inévitablement. Il développe une approche qui se rattache à la problématique de l’"aliénation objective", c’est-à-dire à l’idée que des entités devenues trop autonomes, trop remuantes, trop imbues d’elles-mêmes par rapport aux intérêts humains les plus généraux et les plus importants nous dépossèdent de notre capacité de vivre et d’agir. Une approche de ce type permet en outre de répondre à la question historique de la nature du "néocapitalisme" : le néocapitalisme, c’est l’âge où ces puissances autonomes, se présentant sous une forme décomplexée, exigent de toute la vie sociale et psychique qu’elle se cale sur leurs exigences propulsives d’accélération et de performance. De nouvelles perspectives critiques peuvent alors s’ouvrir.

Stéphane Haber est professeur de philosophie à l’Université Paris Nanterre. Il a récemment publié L’Aliénation (PUF, 2007) ; L’Homme dépossédé (CNRS Éditions, 2009) ; Freud et la théorie sociale (La Dispute, 2012).

Mis à jour le 12 mai 2017