Simon Borel

Docteur en sociologie
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Thèse

"L'axiomatique des réseaux entre réalités sociales et impensés éthico-politiques et non l'idéologie des réseaux", sous la direction d’Alain Caillé.

Thèse soutenu le 04/12/2013 (mention très honorable avec les félicitations du jury).

Composition du jury :
M. Alain Caillé : Directeur de la thèse
M. Antonio Casilli : Examinateur
M. Stéphane Dufoix : Examinateur
M. Stéphane Haber : Examinateur
M. Michel Lallement : Rapporteur
M. Danilo Martuccelli : Président du jury et Rapporteur

Résumé :
Les discours sur les réseaux sont aujourd’hui florissants et foisonnants. A entendre leurs auteurs, le monde actuel se présente comme essentiellement constitué de réseaux. Autrement dit tendanciellement il serait en train de devenir pleinement virtuel, connecté, transparent et librement agencé. On ne peut plus avoir de débats et de discussions (économique/politique/culturel/social/scientifique) aujourd’hui sans passer par les réseaux et sans rappeler l’importance cruciale des technologies de l’information et le caractère révolutionnaire du numérique. Et on constate que ce qui peut être considéré comme une « véritable axiomatique des réseaux », i.e. une explication ou une grille de lecture universelle par les réseaux, traverses aussi bien les sciences sociales, ou les discours analytiques et scientifiques des réseaux (dont la figure de proue est M. Castells), que les discours politiques, idéologiques et militants, apologétiques (P. Lévy, M. Hardt, T. Negri, Y. Moulier-Boutang…) ou critiques (Z. Bauman, P. Breton, P. Virilio…) des réseaux.
Malgré leurs divergences, ces approches font le constat implicite qu’est en train de naître ce que l’on pourrait appeler une très grande société-monde virtuelle. Dans cette société, qui semble devenir un troisième modèle historique, les relations à distance et dans l’immédiateté communicationnelle priment sur les relations en face à face spécifiques des petites sociétés (socialité primaire : famille, amis, voisinage) et sur les relations fonctionnelles typiques des grandes sociétés (socialité secondaire : Etat, marché). Mais les interprétations de cette socialité virtuelle sont à ce point diverses et contradictoires que l’on ne parvient pas à distinguer la part de réalité qu’elles révèlent, et ce qui relève de l’idéologique, du prophétique, ou du catastrophisme. Les auteurs de l’axiomatique des réseaux s’affrontent, de façon sous-jacente et non formulée, sur la question du devenir du don, de la reconnaissance, de l’identité, et de l’idéal démocratique dans le monde réticulaire actuel et à venir. Radicalisation, renaissance et/ou destruction ? Le discours des réseaux est ainsi confronté à deux impensés fondamentaux que cette thèse explore.
Premièrement, quel est le degré de nouveauté du monde réticulaire ? Que subsiste-t-il et que doit-il subsister du monde ancien ? Quel est le statut de la gratuité et que devient le don dans ce monde nouveau ?
Deuxièmement : qu’est ce qui explique la formation du monde des réseaux ? Quel est son avenir possible ?
Il apparaît que les réseaux sont à la croisée des chemins de deux dynamiques.
Ils sont d’un côté une alternative au néo-libéralisme et au parcellitarisme avec le renouveau des liens dans une société fragmentée/parcellisée sans pour autant revenir aux liens forts et aux obligations sociales trop prenants (communautés sans communauté) ; le renouveau de formes associatives, des solidarités en ligne, de la construction des identités singulières en rapport avec les autres ; le regain de créativité via la démocratisation des savoirs, des aptitudes et capacités reconnues aux proam / profanes.
Mais, d’un autre côté, les réseaux radicalisent le parcellitarisme et l’utilitarisme avec l’essor d’un panoptisme horizontal ou d’une surveillance tous-tous intégrale en ligne ; avec la délégitimation de toutes les médiations institutionnelles, de toutes les distinctions, hiérarchies de valeur et statuts ; avec l’affaiblissement de l’obligation morale et symbolique au profit des monades connectées a-signifiantes ; avec la désymbolisation de l’espace et du temps ; la parcellisation des moments et des lieux du politique et l’extension du domaine de l’utilitarisme via l’émancipation libérale de l’individu réticulaire.
Par conséquent, la thèse centrale de mon travail est qu’il faut absolument distinguer le diagnostic à porter sur les réseaux du diagnostic sur le néolibéralisme, ce qui est très difficile puisque les deux sont apparus en même temps et peuvent sembler indissociables. Il nous faut être vigilant aux collusions et aux affinités électives entre démocratisation de la reconnaissance, socialité virtuelle, néo-libéralisme et parcellitarisme.

Mots-clefs : socialité virtuelle, réseau, émancipation, don, démocratisation de la reconnaissance, parcellitarisme. 


Axes de recherche du laboratoire :
Axe 2 : Production des frontières : identité et espace
Axe 3 : Le présent du capitalisme
Axe 4 : Les grammaires du politique  

 

Parcours

2010-2013 Doctorat de sociologie sous la direction d’Alain Caillé. Titre de la thèse : « L'axiomatique des réseaux entre réalités sociales et impensés éthico-politiques et non l'idéologie des réseaux », Laboratoire Sophiapol (EA 3932). Financement : contrat doctoral.

2009-2010 Master 2 Recherche, « Economie et société », Mutation des sociétés contemporaines (MUSC). 
Magistère de science sociale historique.
Mémoire de recherche : « La socialité virtuelle des réseaux à l’heure de la globalisation : entre prétention démocratique et déconstruction du politique » – Mention Très bien, Université Université Paris Nanterre.

2008-2009 Master 1 «  Sociologie, expertise social ».
Mémoire de recherche : « Le paradigme du réseau et la question démocratique » – Mention Très bien, Université Université Paris Nanterre.

2007-2008 Double-licence Histoire Sociologie – Mention Bien, Université Université Paris Nanterre.

2004 Bac ES – Mention Bien.

 

Enseignements dispensés

2011-2013
TD, Licence 1, Sociologie,  « Introduction à la sociologie générale »
TD, Licence 1, Sociologie, « Atelier de lecture en sociologie »

2010-2011
TD, Licence 1, Sociologie,  « Introduction à la sociologie générale » 
TD, Licence 1, Sociologie, « Stratification sociale »
TD, Licence 1, Sociologie, « Atelier de lecture en sociologie »

 

Publications

"Le cyborg : vers une mutation anthropologique ?", Revue du MAUSS, 2013/2, n° 42, p. 119-124.

Recension du livre Communication et pouvoir de Manuel Castells in "Bibliothèque", Revue du MAUSS, 2013/2, n° 42, p. 425-428.



"Les réseaux entre émancipation et aliénation", La Revue du Cube, Novembre 2013. 

"Facebook, stade suprême de la quête de reconnaissance", Revue du MAUSS, 2012 /2, n° 40, p. 207-216.

Recension de l’ouvrage Petite Poucette de Michel Serres, (p. 511-513) in « Bibliothèque », 2012/1, Revue du MAUSS, n° 39, p. 511-533.

"Les liaisons numériques : dangereuses ou vertueuses ?", 2011/2, Revue du MAUSS, n° 38, p. 349-368.

"A propos de : Antonio A.Casilli, Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ?", Revue du MAUSS permanente, 15 Février 2011.

"Sur le paradigme du don (dissertation)", Revue du MAUSS permanente, 8 avril 2010.

 

Communication

 « L’idéologie des réseaux et la socialité virtuelle : entre réalités sociales et impensés éthico-politiques ». Communication au séminaire L'atelier doctoral en sociologie, Université Université Paris Nanterre, 28 novembre 2011.

Mis à jour le 20 décembre 2013