Colloque Le Tournant global des sciences humaines, 23, 24 et 25 septembre 2010





Depuis les années 1960 est apparue dans certains secteurs des sciences humaines et sociales une prise de conscience de la transformation spatiale du monde. On en trouve les échos chez Arnold Toynbee, Marshall McLuhan, Wilbert Moore ou Kostas Axelos par exemple. Cependant, c'est véritablement à partir du milieu des années 1980 que cette prise de conscience s'impose dans les sciences humaines et sociales anglophones - anthropologie et sociologie - avant de se diffuser sur l'ensemble de la planète académique par l'intermédiaire du substantif « globalization » et de l'adjectif « global ». Cette « découverte » du « global » a évidemment profondément transformé notre vocabulaire et notre vision du monde, mais il a aussi eu un impact profond sur les contours des différentes sciences sociales ainsi que sur leurs relations réciproques. L'impression d'assister à la naissance d'un nouveau monde appelait une reconfiguration du paysage académique et la recherche d'une ou de nouvelles sciences, de manière analogue à ce qui s'est passé au début du XIXème siècle avec la naissance de la société industrielle.

Le colloque que nous organisons sous le titre « Le tournant global » se donne pour objectif de repérer et de comprendre les transformations disciplinaires provoquées par la prise en compte du « global ». Il s'agit moins ici de saisir le sens du « global » - où se trouve-t-il ? comment l'étudier ? s'agit-il d'une dimension spatiale supérieure ou d'un niveau d'interprétation des données ? - que de partir à la recherche des transformations que sa « découverte » a provoqué au sein des sciences humaines et sociales : naissance de nouveaux concepts, rapprochements entre disciplines, remise en cause des traditions théoriques précédentes, émergence de nouveaux mouvements académiques remettant en question la domination occidentale - Black, Cultural, Post-Colonial, Subaltern Studies.

Cette « globalisation des disciplines », ici saisie comme le défi que leur pose la prise en compte du « global » qui est souvent une prise en compte du « spatial », a parfois favorisé des objectifs contradictoires. Selon la définition qui en était donnée (global = non-occidental, global = relationnel et connectif, ou global = général), la « globalisation » engendrait des réponses différenciées : l'insistance sur la singularité des trajectoires spatio-temporelles au risque de leur incommensurabilité, la résurrection au sein des disciplines de l'espoir de parvenir un jour à une théorie générale au risque d'une vision macroscopique trop englobante, ou encore la promotion de nouvelles version des disciplines canoniques : sociologie globale, anthropologie globale, histoire globale ou connectée, géo-histoire...

Ce colloque a bien évidemment une visée pluri-disciplinaire : il se propose de rassembler des chercheurs issus de la sociologie, mais aussi de l'anthropologie, de la philosophie, de l'histoire et de la géographie. Il se présente également comme inter-disciplinaire puisqu'il s'agit d'appréhender non seulement l'impact de la conscience du « global » sur les disciplines existantes, mais également les passerelles entre disciplines lancées par la découverte de l'objet commun « global », qu'elles consistent à penser ensemble à partir de perspectives ou de socles différents ou bien à rêver à la constitution d'une nouvelle discipline, les « global studies ».

Ce colloque s'organise selon quatre grands axes suivants :
- La globalisation des disciplines : comment l'histoire, la sociologie, la géographie, l'anthropologie, la philosophie ont pris le tournant global...
- L'interdisciplinarité obligatoire : les relations entre disciplines dans le cadre du tournant global
- Penser le global : concepts et problématiques : quels sont les concepts, les approches, qui caractérisent l'étude du global...
- Global Studies : à quoi peuvent ressembler des Global Studies ? Est-ce un mouvement interdisciplinaire ? Une nouvelle discipline ?

 Par ailleurs, on réfléchira à un ensemble de questions générales :
- Les fondateurs de l'histoire, de l'anthropologie, de la sociologie, de la géographie possédaient-ils une vision du global ?
- Où est le global ?
- Le global est-il un concept adéquat ou simplement une dénomination qui appelle la conceptualisation ?
- Apparemment interdisciplinaire et irréductible à la question des frontières, le global est-il post-national et post-disciplinaire ?
- Le global pourrait-il être le cœur d'une théorie générale ?

PROGRAMME

Jeudi 23 septembre
Matinée      9h30-12h45

Accueil et Ouverture, par Alain Caillé et Stéphane Dufoix
Présentation par Stéphane Dufoix (Université Paris-Ouest Nanterre, Institut universitaire de France)

Session 1
Comment et pourquoi Penser « global » ?

09h50-12h45

Jonathan Friedman (EHESS), Global imaginaries and systemic realities: The emergence of globalization and  globalizing discourses as a historical transformation within global systems
Christian Grataloup (Université Paris-Diderot), Une géographie post-braudélienne
Michel Wieviorka (EHESS), Le futur des sciences sociales: penser "global", et monter en généralité
Saskia Sassen (Columbia University), The World's Third Space: Neither Global nor National
11h10 Pause
11h30 Discussion générale


 Après-midi 14h-18h

Session 2
La « globalisation » des disciplines

14h00-15h30

Olivier Pétré-Grenouilleau (Sciences-Po, IEP Paris), L'histoire : tournant global ou masques globaux ?
Jackie Assayag (EHESS), Ronde, la mondialisation? Heurts et malheurs des sciences sociales
Juliet Fall (Université de Genève), French Knitting or Mailles Anglaises? Unravelling Biographies, Debates and Tangled Global Dialogues across Geography
15h-15h30 Discussion
15h30 Pause

Session 3
Savoir local, savoir universel, savoir global

15h45-18h00

Michael Kuhn (Directeur de KNOWWHY Global Research), How to Escape from the Universalisation of the Parochialism of Social Knowledge?
Paulo Henrique Martins (Université fédérale de Pernambuco), Le don comme opérateur culturel dans les zones de contact: une contribution maussienne aux «postcolonial studies »
Patrick Manning (University of Pittsburgh), UNESCO and the Global Organization of Knowledge
17h05 Discussion générale


Vendredi 24 septembre
Matinée 9h45-12h30

 Session 4
Une nouvelle épistémologie ?

Jacques Lévy (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne), Un « Nous » sans « Eux » : une épistémologie de la Société-Monde à inventer
Aihwa Ong (University of California Berkeley), Reassembling the Global: Emerging Spaces of Labor, Diaspora and DNA
Peggy Levitt (Wellesley College et Harvard University), Culture in Motion: Geographies, Pathways, and Sites of Encounter
Francesco Fistetti (Université de Bari), Le Global Turn entre philosophie et sciences sociales: le paradigme  hybride du don
11h10 Pause 
11h25 Discussion générale


Après-midi 14h-18h

Session 5
Le local au coeur du global ?

14h00-15h30

François Gauthier (Université du Québec à Montréal), Repenser la notion de société civile pour penser le religieux à l'ère du « global »
Ludger Pries (Ruhr-Universität Bochum), Substantialist and Relativist Concepts of Space : Theoretical Challenges of Transnational Social Spaces
Paul Kennedy (Manchester Metropolitan University), Re-assessing the Over-Coded Global' and Re-Discovering the Resilience of the Local: the Fragility of a Global Consciousness
15h00-15h45 Discussion
15h45 Pause

Session 6
Dans le temps et dans l'espace

16h00-18h00

 Franck Poupeau (CNRS), Une approche multiniveaux de la régulation multiniveaux des ressources naturelles et des services urbains: l'internationalisation de la gestion de l'eau, de l'Amérique latine à l'Europe
John McNeill (University of Georgetown), The Rise of Global Environmental History, 1990-2010: Problems and Prospects
Romain Bertrand (CERI-Sciences-Po), Rencontres impériales. Le "tournant global" dans l'étude des "premières modernités"
17h00 Discussion générale

Samedi 25 septembre
Matinée 9h30-12h30

Session finale
De quelques effets du Global

09h30-10h45

 Alain Caillé (Université Paris-Ouest Nanterre), L'effet méta-disciplinaire du tournant global. Décomposition et recomposition des disciplines
Leslie Sklair (London School of Economics), Generic Globalization, Capitalist Globalization, Alternative Globalizations
Jan Aart Scholte (University of Warwick), Re-Envisioning Global Democracy
Gayatri Chakravorty Spivak (Columbia University), Reading the Global Turn
11h00 Pause
11h15-12h30  Discussion finale
Alain Caillé et Stéphane Dufoix : Remerciements


Télécharger l'affiche et le programme (format pdf)

 

ORGANISATION

Alain Caillé, professeur de sociologie (Université Paris-Ouest), co-directeur du Sophiapol

Stéphane Dufoix, maître de conférences en sociologie (Université Paris-Ouest), membre de l'Institut universitaire de France


Le colloque est cofinancé par les écoles doctorales EOS (E.D. 396), CLM (E.D. 139), l'Institut Universitaire de France et le laboratoire Sophiapol. L'UNESCO, secteur des sciences sociales et humaines coopère également à cet événement.


INFORMATIONS PRATIQUES



Lieux

Unesco, salle XIII, 1 rue Miollis, Paris 15e (le 23, 24 septembre). plan
Forum 104, 104 rue de Vaugirard, Paris 6e (le 25 septembre) plan


Contact
et inscription
Pour assister au colloque, il est indispensable de s'inscrire avant le 20 septembre auprès de:
Stéphane Dufoix

Mis à jour le 25 août 2011