Axe 4 : Les grammaires du politique

Présentation

Le quatrième axe s’appuie en partie sur une tradition remontant aux laboratoires ayant précédé le Sophiapol – le Centre d’étude d’histoire et de sociologie du communisme, puis le Groupe d’étude et d’observation de la démocratie – et cherche à décrypter l’évolution et les transformations des idéologies et des doctrines politiques dans une approche relevant aussi bien de l’histoire des idées et des représentations que de l'analyse des théories politiques contemporaines.

Trois sous-axes en structurent les recherches :

Mots clés : discours du politique, idéologie, capitalisme, républicanisme, cosmopolitisme, démocratie


Axe 4, sous-axe 1 : Les grandes orientations de la pensée politique

Le premier sous-axe se propose de réfléchir sur les courants et les doctrines politiques qui définissent les grandes orientations de la pensée politique au moyen de cadres explicatifs et de constructions normatives et qui structurent non seulement les politiques publiques mais plus généralement les pratiques politiques.
Il s'intéresse, entre autres, aux doctrines libérales et néolibérales, républicaines, anarchistes et socialistes, sans négliger le statut des religions. Cependant, les langages que sont les idéologies et les doctrines ne constituent que l’une des facettes d’un axe tentant de rendre compte de la mise en forme linguistique de la sphère politique. Les deux autres directions s’intéressent à des objets et à des thématiques linguistiques souvent moins larges que les idéologies mais dont l’ampleur et la portée nécessitent une analyse philosophique, sociologique et historique spécifique.
L’objectif de l’équipe en matière de recherche est ici double : d’une part, travailler sur la confrontation théorique de ces différentes doctrines en mettant l’accent sur les points de confrontations les plus importants entre elles ; d’autre part, étudier la manière dont ces doctrines informent aujourd’hui le débat et la pratique politique, et la manière dont les diverses formes d’expérimentation et de recomposition politiques dans le champ social interfèrent en retour dans ces débats théoriques pour y faire valoir leurs propres exigences de croisement intellectuel (néo républicanisme et socialisme, libertarisme et anarchisme, social libéralisme…), voire de dépassement de ces identifications elles-mêmes.
 

Axe 4, sous-axe 2 : Les mots du politique : généalogies et usages

Le deuxième sous-axe se donne alors pour objectif d’étudier les mots du politique sous l’angle de leur généalogie et de leurs usages anciens et contemporains.
Une première dimension importante concerne l’épistémologie du travail historique et sociologique sur le langage du politique et sur l’évolution sémantique qui est la sienne. La deuxième dimension a trait non plus à l’épistémologie mais à la méthodologie du travail empirique sur l’évolution sémantique. Si l’histoire française des deux derniers siècles est riche en transformations sémantiques, les évolutions récentes du discours politique et social sont particulièrement significatives. Depuis le début des années 1980, un très grand nombre de termes nouveaux ou d’acceptions nouvelles de termes anciens ont fait leur apparition : néo-libéralisme, intégration, multiculturalisme, mondialisation, minorités visibles, diversité, communautarisme, repentance, statistiques ethniques, civilisation etc. C’est à ces phénomènes d’émergence, et à celle des objets - parfois nouveaux, parfois simplement redéfinis autrement – auxquels ils prétendent donner un nom, qu’il s’agit de s’intéresser.
Le travail de l’axe vise enfin à fédérer toute une série de recherches qui portent sur les formes de l’engagement et les pratiques politiques et sociales, depuis les actes de catégorisation sociale qui structurent les débats entre groupes sociaux jusqu'aux formes de revendications politiques ou aux modalités d’expression et d’action qui prennent place dans l’espace public.


Axe 4, sous-axe 3 : La grammaire des possibles

Le troisième et dernier sous-axe pose principalement les questions du rapport entre le présent et le futur, mais aussi des relations entre rêve et réalité. La tension présente dans le mot utopie, parfois décrit comme une projection vers un futur meilleur, mais parfois aussi présenté comme l’élaboration d’une pensée ou d’une réflexion déconnectée de la réalité et du possible, au cœur de ce sous-axe qui interroge la fois empiriquement et conceptuellement la manière dont il est envisageable de fabriquer du futur. Bien entendu, le rapport au passé n’est pas ici purement et simplement abandonné, en particulier parce que l’histoire des réflexions humaines est riche de ces questionnements sur les nouvelles formes de société ou de socialisation à construire. Les travaux des membres du laboratoire autour de cette question portent aussi bien sur la signification de l’utopie que sur l’histoire de la forme de la « commune » comme lieu de protestation et d’émancipation, en passant par une réélaboration théorique de l’idée de « critique immanente » chez Hegel qui envisage la critique sociale et politique comme ne devant pas s’éloigner trop du réel pour inventer du possible faisable.

 

Mis à jour le 22 février 2019