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Du temps à l’histoire. Séminaire de philosophie française contemporaine

Publié le 27 septembre 2017 Mis à jour le 29 mai 2018

Le séminaire cherche à comprendre l'importance qu'ont eu les réflexions sur le temps et l'histoire pour la philosophie française du XXe siècle. De Bergson à Foucault, de Sartre à Deleuze et Derrida, la question du temps et de l'histoire a été au centre des polémiques. Il s'agit de mettre en évidence les tensions entre les pensées du temps et les pensées de l'histoire, mais également leur enchevêtrement et leur communication.

Date(s)

du 19 octobre 2017 au 31 mai 2018

Lieu(x)
En alternance :
Université Paris Nanterre
ENS, rue d'Ulm
Le séminaire a lieu de 17h à 19h
La question du temps traverse toute la philosophie française du XXe siècle. En tentant de penser le temps en tant que tel, indépendamment de l’espace qui ne nous en livre qu’une vision partielle, Bergson le situe au cœur de l’interrogation philosophique. Sartre poursuit ce mouvement et l’enrichit de ses propres réflexions sur la philosophie de Heidegger, qui avait lui-même proposé une conception profondément originale du temps à partir de l’analytique du Dasein. Les philosophies de Deleuze, de Derrida et de Badiou ont ensuite repris le flambeau dans la seconde moitié du siècle pour proposer des pensées singulières de l’événement. Pourtant, en parallèle, on observe que la problématique du temps se déplace jusqu’à rejoindre la problématique de l’histoire. Le passage, chez Sartre, de L’être et le néant à la Critique de la raison dialectique est en quelque sorte le symbole de ce déplacement. Mais les philosophies d’Althusser ou de Foucault en sont également les grands témoins puisqu’elles proposent une réflexion centrée sur l’histoire, et non plus sur le temps. Cette passion philosophique pour l’histoire entretient cependant avec les philosophies du temps des rapports difficiles. La polémique entre Foucault et Derrida autour de L’histoire de la folie repose largement sur l’opposition entre le temps et l’histoire. Deleuze a également eu tendance à opposer le devenir à l’histoire. Et Badiou a clairement distingué sa pensée de l’événement de toute réflexion sur l’histoire, réduisant cette dernière à une « fiction ».
Du temps à l’histoire, il n’y a donc nulle continuité : les philosophies du temps se sont maintenues malgré le développement de la problématique historique et ces deux perspectives ont toujours entretenu l’une avec l’autre des relations houleuses. Et pourtant, on ne saurait réduire ces deux voies philosophiques à deux parallèles qui jamais ne se croisent. La cohérence que Sartre perçoit dans son œuvre ainsi que les réflexions du jeune Foucault sur Heidegger et Binswanger, dont les analyses existentielles orienteront de manière certaine sa conception de l’histoire dans les années 1960, prouvent qu’il n’y a pas là une opposition stérile entre deux écoles de pensée. La grande philosophie de l’histoire, qui constitue le chapitre 3 de L’Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari, suffit également à introduire le doute dans une dichotomie trop simple.
Les fils du temps et de l’histoire semblent donc particulièrement entremêlés dans la philosophie française du XXe siècle. Le séminaire cherchera à clarifier les choses en revenant sur les grandes figures, sur les grandes problématiques et sur les grands thèmes de cette question. Prenant pour présupposé que le temps et l’histoire constituent un point d’insertion privilégié dans les problèmes de la philosophie française contemporaine, nous nous demanderons comment ces notions en sont venues à s’affronter ou à s’enrichir mutuellement, à diverger ou à se rassembler pour produire ces pensées qui constituent le sol sur lequel et à partir duquel nous pensons encore aujourd’hui.

PROGRAMME :
19 octobre 2017 – Université Paris Nanterre, Bât. L, salle L312
Elie During : "Tota simul : une formule secrète dans la philosophie française du 20e siècle"

30 novembre 2017 – Université Paris Nanterre, Bât. L, salle L312
Patrice Maniglier

14 décembre 2017 – ENS (45 rue d'Ulm, salle R, 17h-19h)
Frédéric Worms

14 mars 2018 – ENS (29 rue d'Ulm, salle Paul Langevin, 17h-19h)

Laure Barillas et Jean-Baptiste Vuillerod

18 avril 2018– Université Paris Nanterre, salle à préciser
Andrea Angelini

31 mai 2018, 16h-18h – ENS Ulm, salle Cavaillès
François-David Sebbah : présentation de son ouvrage L'éthique du survivant. Levinas, une philosophie de la débâcle, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2018. 

F.-D. Sebbah discutera à cette occasion avec Jean-Michel Salanskis des enjeux de son livre pour les études lévinassiennes ainsi que pour les problématiques du temps et de l'histoire.
Inscription auprès de Jean-Baptiste Vuillerod.

Mis à jour le 29 mai 2018