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Le concept de classes sociales

Publié le 10 octobre 2018 Mis à jour le 4 décembre 2018

Le séminaire de philosophie sociale du Sophiapol portera cette année dans la continuité de l’an dernier, sur le concept de classe sociale, selon deux versants, le premier à caractère théorique, le second à caractère plus empirique, mais il ne saurait y avoir de séparation tranchée entre les deux versants.

Date(s)

du 19 novembre 2018 au 16 avril 2019

Les séances ont lieu de 14h à 16h.
Lieu(x)

Bâtiment Paul Ricoeur (L)

Salle des conseils, 4ème étage

Le séminaire de philosophie sociale du Sophiapol portera cette année dans la continuité de l’an dernier, sur le concept de classe sociale, selon deux versants, le premier à caractère théorique, le second à caractère plus empirique, mais il ne saurait y avoir de séparation tranchée entre les deux versants. Le séminaire se propose cette année de prendre en compte le premier comme le second versant (en raison des grèves et annulations de séances de l’an dernier), à travers les débats théoriques et empirique autour du concept de classe sociale. Le premier débat tourne autour de la compréhension économique ou sociologique de la classe : depuis la seconde moitié du XIXe siècle, ces deux types d’approche, qui ne sont pas en elles-mêmes contradictoires, se différencient cependant clairement, selon que l’on met l’accent sur la frontière qui sépare les possesseurs des moyens de production et les possesseurs de leur seule force de travail, ou que l’on met au premier plan une gradation de différenciations sociales qui se fonde sur des niveaux de revenus, des différences culturelles, et plus généralement, des distinctions de style de vie qui définissent des différences statutaires productrices de pouvoir et de légitimité sociale.

On explorera, à partir de là, quelques aspects des discussions théoriques entre ceux qui se réclament de la tradition marxienne avec ses prolongements analytiques et les grandes sociologies comme celles de Weber, par exemple. L’un de ces aspects, porte sur le fait que le concept de conflits de classe ne possède pas la même signification selon que la question centrale du conflit réside dans l’accaparement des moyens de production, ou plus modestement dans le desserrement des contraintes d’exploitation, où dans des conflits statutaires pour l’accaparement des attributs classants : dans les deux cas, les conflits ne sont pas de même nature et ils possèdent des effets distincts. Un autre de ces aspects, lié au précédent, a pour objet la question de l’unification de la classe. Même si l’on admet que le conflit social économique et politique joue un rôle important dans la construction de l’unité de la classe, on ne peut prétendre avoir épuisé l’explication de celle-ci dans la mesure où la sociologie historique comparative (incluant la théorie de la mobilisation des ressources dans ses différentes variantes) a largement montré qu’il existe des conditions plus fines de construction de cette unité qu’il faut analyser dans des situations historiques variables : quel rôle jouent les diverses formes d’organisation collective traditionnelles dans les phénomènes de mobilisation ? Quelle est la place et l’importance des croyances religieuses (qui ne concernent pas, loin s’en faut, seulement l’éthique du capitalisme) dans la manifestation de la solidarité sociale entre les membres d’une même classe ou caste ? Comment évaluer le rôle de la discipline de fabrique dans la production de formes de contestation efficace ? Y a-t-il un effet structurant du langage et des organisations politiques sur l’unité de la classe ? Selon quelles modalités les questions du genre interviennent-elles dans la constitution de la classe ?

C’est ce qui introduit à la série des seconds débats du séminaire, à savoir tout d’abord, celui des rapports entre classe et genre. Depuis plusieurs années, des philosophes des sociologues féministes ont fait observer la prégnance et l’importance des problèmes de croisement et de déterminations réciproques entre la classe et le genre en montrant de quelle manière les différentes formes d’exploitation du travail s’incorporent, comme un point d’appui les inégalités de genre, alors même, que les inégalités de classe peuvent surdéterminer les modalités mêmes de la domination masculine. Le troisième débat, est celui de la transformation dans la composition des classes sociales des pays industriels et l’une des questions en discussion entre les économistes et les sociologues marxistes et non marxistes a porté, depuis les années 1970 sur la question de la «moyennisation» des classes, position corrélative de celle de la «dilution» de la classe ouvrière au sein de la société salariale. Faut-il rmplacer le concept de classe ouvrière par le concept de classes populaires ? D’autres débats concernant les phénomènes de mobilité sociale entre classes, ou la question de la composition des classes dominantes et dominées dans différents pays européens afin de penser les questions d’homogénéité des classes au niveau international. Le séminaire est ouvert à tou.te.s.


Organisation


Eva Debray (Université Paris Nanterre), Stéphane Haber (Université Paris Nanterre), Christian Lazzeri (Université Paris Nanterre), Alice Le Goff (Université Paris Descartes), Emmanuel Renault (Université Paris Nanterre), Judith Revel (Université Paris Nanterre).


Séances


Lundi 19 novembre
Isabelle Clair (sociologue, Iris – EHESS/CNRS)
« L’intersectionnalité contre la classe sociale ? »

Mardi 4 décembre
Rémi Sinthon (sociologue au Laboratoire de Sociologie Quantitative (CREST) - CNRS/EHESS)
« La stratification et la mobilité sociales dans la sociologie du xxe siècle. Quelques biais durables et pourquoi ils persistent »

Lundi 14 janvier
Alexis Spire (sociologue, IRIS – CNRS/EHESS)
« Les classes sociales peuvent elles se concevoir à l'échelle de l'Europe ? »

Lundi 4 février
Yves Sintomer (politiste, Université de Paris 8) 
« Max Weber et les classes »

Lundi 18 février
Sophie Béroud (politiste, Triangle, Université Lumière Lyon-2)
« De la classe ouvrière aux classes populaires ? Enjeux de connaissance et de conceptualisation ».

Lundi 25 mars
Denise Celentano (philosophe, GRECO/CMH - CNRS/EHESS)
« Actualiser le concept de classe au-delà de la « bataille des paradigmes » : bilan critique du parcours de Erik Olin Wright »

Mardi 16 avril
Jules Naudet (sociologue, CEIAS - CNRS)
«Caste et classe »


Mis à jour le 04 décembre 2018