• Libellé inconnu,

Le concept de classes sociales

Publié le 28 septembre 2017 Mis à jour le 3 avril 2018

Le séminaire de philosophie sociale du Sophiapol portera, pour les deux ans à venir, sur le concept de classe sociale, selon deux versants, le premier à caractère théorique, le second, à caractère plus empirique, mais il ne saurait y avoir de séparation tranchée entre les deux niveaux.

Date(s)

du 10 octobre 2017 au 30 avril 2018

Lieu(x)
Université Paris Nanterre
! Attention certaines séances ont lieu dans le bâtiment Max Weber, d’autres au Bâtiment L (4ème étage Salle du conseil de l’UFR L436 à droite en sortant de l’escalier). Voir détail ci-dessous.
Le séminaire a lieu de 14h à 16h
Le séminaire de philosophie sociale du Sophiapol portera, pour les deux ans à venir, sur le concept de classe sociale, selon deux versants, le premier à caractère théorique, le second, à caractère plus empirique, mais il ne saurait y avoir de séparation tranchée entre les deux niveaux. Le séminaire se propose cette année de prendre en compte le premier versant, à travers les débats théoriques et historiques autour du concept de classe sociale. Le premier d’entre eux, et sans doute l’un des plus importants, tient à l’appréhension économique ou sociologique de la classe : depuis la seconde moitié du XIXe siècle, ces deux types d’appréhension, qui ne sont pas en elles-mêmes contradictoires, se différencient cependant clairement, selon que l’on met l’accent sur la frontière qui sépare les possesseurs des moyens de production et les possesseurs de leur seule force de travail, ou que l’on met au premier plan une gradation de différenciations sociales qui se fonde sur des niveaux de revenus, des différences culturelles, et plus généralement, des distinctions de style de vie qui définissent des différences statutaires productrices de légitimité sociale.
On explorera, à partir de là, quelques aspects des discussions théoriques entre ceux qui se réclament de la tradition marxienne et les grandes sociologies comme celles de Simmel, Weber, Veblen, Halbwachs ou Bourdieu. L’un de ces aspects, porte sur le fait que le concept de conflits de classe ne possède pas la même signification selon que la question centrale du conflit réside dans l’accaparement des moyens de production, ou plus modestement dans le desserrement des contraintes d’exploitation, où dans des conflits statutaires pour l’accaparement des attributs classants : dans les deux cas, les conflits ne sont pas de même nature et ils possèdent des effets distincts. Un autre de ces aspects, lié au précédent, a pour objet la question de l’unification de la classe. Même si l’on admet que le conflit social économique et politique joue un rôle important dans la construction de l’unité de la classe, on ne peut prétendre avoir épuisé l’explication de celle-ci dans la mesure où la sociologie historique comparative (incluant la théorie de la mobilisation des ressources dans ses différentes variantes) a largement montré qu’il existe des conditions plus fines de construction de cette unité qu’il faut analyser dans des situations historiques variables : quel rôle jouent les diverses formes d’organisation collective traditionnelles dans les phénomènes de mobilisation ? Quelle est la place et l’importance des croyances religieuses (qui ne concernent pas, loin s’en faut, seulement l’éthique du capitalisme) dans la manifestation de la solidarité sociale entre les membres d’une même classe ? Comment évaluer le rôle de la discipline de fabrique dans la production de formes de contestation efficace ? Y a-t-il un effet structurant du langage et des organisations politiques sur l’unité de la classe ? Selon quelles modalités les questions du genre interviennent-elles dans la constitution de la classe ?
C’est ce qui introduit au second débat du séminaire, à savoir celui des rapports entre classe et genre. Depuis plusieurs années, des philosophes des sociologues féministes ont fait observer la prégnance et l’importance des problèmes de croisement et de déterminations réciproques entre la classe et le genre en montrant de quelle manière les différentes formes d’exploitation du travail s’incorporent, comme un point d’appui les inégalités de genre, alors même, que les inégalités de classe peuvent surdéterminer les modalités mêmes de la domination masculine. Le troisième débat, est celui de la transformation dans la composition des classes sociales des pays industriels et l’une des questions en discussion entre les économistes et les sociologues marxistes et non marxistes a porté, depuis les années 1970 sur la question de la «moyennisation» des classes, position corrélative de celle de la «dilution» de la classe ouvrière au sein de la société salariale. C’est un débat dans lequel sont intervenus des théoriciens aussi différents que Ralf Dahrendorf, Nicos Poulantzas, Alvin Gouldner, et, plus récemment, John Scott, Erik Olin Wright et certains marxistes analytiques comme John Roemer. Le séminaire se propose de réactiver ce débat qui se poursuit actuellement, aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons.

Le séminaire est ouvert à tou.te.s.

Organisation :
Vincent Bourdeau (UFC Besançon), Eva Debray (Université Paris Nanterre), Marie Garrau (Université Paris 1), Katia Genel (Université Paris 1), Stéphane Haber (Université Paris Nanterre), Christian Lazzeri (Université Paris Nanterre), Alice Le Goff (Université Paris Descartes), Emmanuel Renault (Université Paris Nanterre).

Programme


24 octobre 2017  – Université Paris Nanterre, Bâtiment Max Weber, Salle séminaire 2
Franck Fischbach (Université de Strasbourg) : « Le concept de classe chez Marx »

13 novembre 2017  – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l’UFR, L436
Alice Le Goff (Université Paris Descartes) : « Le concept de classes, entre sociologie et économie »

22 janvier 2018  – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l’UFR, L436
Christian Lazzeri (Université Paris Nanterre) : « La formation de l‘unité de la classe ouvrière : un débat (aussi) d’histoire sociale »

12 février 2018  – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l'UFR L436
Yves Sintomer (Université Paris VIII) : « Max Weber et les classes »

26 février 2018  – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l'UFR L436

Edward Castleton (Université de Franche-Comté) : « Les classes travailleuses peuvent-elles être représentées (de Sieyès à Pétain) ? »

26 mars 2018  – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l'UFR L436
Andrew Sayer (University of Lancaster) : « Economic Justice and the Moral Significance of Class »

10 avril 2018 – Université Paris Nanterre, Bâtiment L, Salle du conseil de l'UFR L436
Isabelle Clair (Iris – EHESS) : « La classe sociale dans les usages français de l'analyse intersectionnelle »


Mis à jour le 03 avril 2018