Moses Hess : Aliénation et coopération

Journée d'études organisée par Fréderic Monferrand et Federico Puletti


Intervenants : Jean-Christophe Angaut, Luca Basso, Pauline Clochec, Federico Puletti

Discutants : Christian Berner, Franck Fishbach, Emmanuel Renault

Argumentaire

L’objectif général de cette journée d’étude est de revenir sur l’œuvre de Moses Hess (1812-1875), premier philosophe issu de l’hégélianisme à se dire « communiste ». Au sein de son œuvre protéiforme qui relève aussi bien de la philosophie de l’histoire que de la philosophie sociale et de la réflexion théologico-politique, deux thèmes retiennent particulièrement l’attention : le thème critique de l’aliénation, d’une part, et le thème anthropologique, voire ontologique, de la coopération, de l’autre. Ces thèmes, notamment développés dans l’article de 1844 « Sur l’essence de l’argent », nous proposons de les aborder en conjuguant des approches contextuelles et actualisantes.
D’un point de vue contextuel, il s’agirait d’explorer la manière dont Hess s’inscrit dans les débats post-hégéliens relatifs à « l’être générique » et à l’ « aliénation », aujourd’hui encore trop souvent réduits à de simples prolégomènes au marxisme. Car, avant Marx, c’est chez Hess qu’on trouve la première tentative de transposer la critique de l’aliénation religieuse ou politique sur le plan de la vie sociale, identifiée au lieu de réalisation d’un « être générique » défini par l’échange et la coopération. Revenir sur les débats qui opposèrent Hess à Marx, Feuerbach ou Bruno Bauer, c’est donc assister à la naissance d’un paradigme critique en philosophie sociale dont on peut penser qu’il jouit encore d’une certaine actualité.

D’un point de vue actualisant, justement, il s’agira alors d’interroger, non seulement l’originalité des positions de Hess, mais aussi leur valeur pour la philosophie sociale contemporaine. L’importance qu’à la suite de Spinoza, il accorde par exemple aux motivations « éthiques » de l’engagement révolutionnaire, est-elles susceptible d’enrichir notre compréhension de l’aliénation contemporaine et de son refus ? Quelle ressource sa critique philosophique de la propriété peut-elle apporter aux débats actuels sur le(s) « commun(s) » ? Peut-on dresser des passerelles entre sa définition de la Coopération comme « échange d’activités vitales et productives » se déployant dans un milieu et les différents efforts accomplis dans notre contexte de crise écologique pour dépasser l’opposition entre nature et société ?

Programme

10h – 12h30

Anarchie et Communisme chez Moses Hess
Pauline CLOCHEC (Université de Picardie Jules Verne)

De la Coopération à la propriété sociale. Moses Hess : Une philosophie de l'activité.
Federico PULETTI (Université Paris Nanterre)

12h30-14h00 Pause déjeuner

14h00 – 16h30

La construction du concept d'aliénation dans L'essence de l'argent
Jean-Christophe ANGAUT (École normale supérieure de Lyon)

Égalité ou différenciation ? L'enjeu du communisme : entre Hess et Marx
LUCA BASSO (Università di Padova)

Discutants : Christian BERNER, Franck FISHBACH, Emmanuel RENAULT