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- Libellé inconnu,
Nouvelles technologies et traditions théoriques
Publié le 11 juin 2018
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Mis à jour le 23 mai 2019
Colloque organisé par Fabrice Flipo (Mines Telecom, Université Paris Diderot) Camille Imhoff (CNAM - Université Paris Nanterre), Maxime Mécréant (Université Paris Nanterre), Marc-Antoine Pencolé (Université Paris Nanterre) et Wang Hao (Universiteit van Amsterdam)
Date(s)
du 20 juin 2018 au 21 juin 2018
20 juin 2018 : 9h-18h40
21 juin 2018 : 9h-18h10
21 juin 2018 : 9h-18h10
Lieu(x)
Bâtiment Max Weber (W)
Salle Séminaire 2
Le développement des technologies de l'information et de la communication, depuis la naissance de la cybernétique jusqu'à la régulation algorithmique des rapports sociaux, a rendu possible le traitement presque instantané de quantités d'information colossales, et affranchi leur transmission des pesanteurs de l'espace. L'émergence de réseaux sociaux à l'échelle mondiale ou de vastes communautés d'échange de pairs-à-pairs, le profilage et la surveillance de masse des populations, la coordination numérique à grande distance des échanges marchands – et financiers – et du travail, tous ces phénomènes marquants n'ont pas manqué d'interroger les catégories par lesquelles sont pensés la technique, l'expérience qu'on en a et les rapports sociaux qu'elle médiatise.
Ainsi par exemple, la phénoménologie a récemment été le cadre d'élaboration d'outils philosophiques adaptés à l'appréhension de l'expérience perceptive ou des interactions constituées par les médiations techniques contemporaines (Don Ihde, 1990 ; Albert Borgmann, 1988 ; Peter-Paul Verbeek, 2005). La pensée de Marx, quant à elle, a constitué le socle d'une théorie de la subsomption renouvelée des interactions sociales dans la sphère du travail, d'une part via la tradition marxiste de la sociologie mais aussi des sciences de l'information et de la communication anglosaxones, avec le concept de digital labour (Christian Fuchs, 2014 ; Antonio Casilli et Dominique Cardon, 2015 ; Ursula Huws, 2014), parfois enrichi des apports du féminisme matérialiste (Kylie Jarrett, 2016), d'autre part via le post-opéraïsme franco-italien, avec la théorie du capitalisme cognitif et de l'exploitation du travail immatériel (Antonio Negri & Michael Hardt, 2000 ; Yann Moulier-Boutang, 2007 ; Carlo Vercellone, 2014). Suivant une voie différente, ce sont tantôt les intuitions théoriques de la première génération de l'Ecole de Francfort (Lukacs, Adorno et Marcuse en particulier) qui ont été ressaisies dans une nouvelle dialectique de la réification et de la libération technologiques (Andrew Feenberg, 2002), tantôt les théories de l'espace public (Jürgen Habermas, 2012 ; Robin Celikates, 2015) ou de la reconnaissance (Olivier Voirol, 2010) qui ont été mobilisées pour appréhender les transformations structurelles à l'oeuvre. Enfin, la pensée foucaldienne du sujet et du pouvoir a nourri une bonne part des travaux sociologiques relatifs aux dispositifs de surveillance (David Lyon, 2006) ainsi que le récent programme de recherche sur la gouvernementalité algorithmique (Antoinette Rouvroy et Thomas Berns, 2013).
Il ne s'agit plus simplement d'opposer la thèse du progrès technologique à celle de l'aliénation unilatérale, mais de se donner des cadres conceptuels pour saisir des réalités complexes et plurielles. Toutes ces entreprises théoriques ont pour ambition de rendre intelligibles une constellation de phénomènes apparentés (réseaux, échanges symboliques et économiques, travail et surveillance numériques) mais dont la compréhension systématique pose problème. C'est la constitution de l'objet même de la recherche, et de la totalité dans laquelle il s'inscrit, qui dépend des choix théoriques opérés en amont. Cette rencontre visera moins à présenter de nouveaux résultats empiriques qu'à travailler les concepts que la recherche empirique a rendu problématiques. Nous nous proposons ainsi de discuter la pertinence et les limites de la réélaboration de ces différentes traditions, de leur complémentarité ou de leur antagonisme, et d'essayer, à partir de là, de dégager des outils qui nous permettent de comprendre et d'intervenir dans l'évolution technique des sociétés contemporaines.
Programme
Wednesday 20th June 2018
9h – Breakfast10h – 12h: Limits of the Digital
- Susanna Lindberg – “On Prosthetic Existence: Why Poststructuralism is not a Transhumanism”
- Fabrice Flipo – “Theoretical positions around the ecological implications of ICTs”
Coline Ferrarato – “Les limites du numérique. Dialogue entre Gilbert Simondon et Andrew Feenberg”
12h – 13h20: Lunch
13h20 – 15h20: Digital Technologies of the Subject
- Peter-Paul Verbeek – “Existentializing Technology: on digital subjectivity and the technologies of the self”
- Paulan Korenhof & Arij Gorzeman – “Interfacing the self: an analysis of changes in interfaces and the construction of the subject”
- Frederico Lyra de Carvalho – “Rethinking Adorno’s critique of music: production, distribution and ideology in digital era”
15h20 – 15h30: Coffee Break
15h30 – 18h40: Digital Labours
- Ursula Huws – tba
- Antonio Casilli – “Waiting for Robot: bridging the gap between AI’s ‘manifest destiny’ and digital labor”
- Sébastien Broca – “Unity and plurality of digital labour”
- Kylie Jarrett – “The Work of Not-Labour”
Thursday 21 June 2018
9h – Breakfast9h30 – 10h50: Governing Algorithms (1)
- Kevin Morin – “Artificial innovation. Machine agentivity in the era of Algorithmic Governmentality”
- Tobias Matzner – “Algorithmic subjectivation”
(Antoinette Rouvroy – cancelled)
10h50 – 11h: Coffee Break
11h – 12h20: Governing Algorithms (2)
- Luca Paltrinieri & Olivier Sarrouy – “Crowds governmentality and new political subjects”
- Peter Polack – “Data Debt, Discourse, and Defection: Traces of Subjectivation and Critique in Algorithmic Governmentality”
12h20 – 14h: Lunch
14h – 16h: Digital Labours (2)
- Ilios Willemars – “Exposing Placeholders: Implications of Virtual-Reality Pornography on the Logic of Sex-Work”
- Anne Alombert – “Repenser le sujet et le travail à partir de l’extériorisation technique : la lecture stieglerienne des traditions phénoménologiques et marxistes dans le contexte des technologies numériques et de l’automatisation généralisée”
- Eric Arrivé – “Commentary on the notion of digital labor”
16h – 16h10: Coffee Break
16h10 – 18h10: Critical Theories of Technology
- Olivier Voirol – “Les machines numériques et la seconde mimésis”
- Camilla Brenni – “Reassessing the concept of « Totality » in the Age of Big Data”
- Andrew Feenberg – tba
Mis à jour le 23 mai 2019