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Racisme et histoire

Publié le 21 septembre 2018 Mis à jour le 19 juin 2019

Séminaire transdisciplinaire

Date(s)

du 18 octobre 2018 au 20 juin 2019

17h-19h
Lieu(x)

Bâtiment Max Weber (W)

Salle Séminaire 2
Le séminaire « Racisme et histoire » a pour objet les usages des catégories raciales. Ces dernières peuvent être définies, a minima, comme des modes de démarcation de groupes conçus comme porteurs, à même leurs corps, de caractères héréditaires et inchangeables. Dans cette perspective, le séminaire veut fournir l’occasion de présenter des recherches sur l’histoire des applications pratiques des catégories raciales aux groupes infériorisés. Ces applications ont souvent pris la forme de généalogies fictives, au sens de discours pseudo-historiques comme ceux sur l’« impureté de sang » supposée des juifs convertis dans l’Empire espagnol à l’âge moderne, ou sur l’inaptitude à la citoyenneté, à la liberté ou à l’intégration des esclaves, des colonisé·e·s et leurs descendant·e·s.

Bien que souvent spécialisé·e·s dans l’étude de l’une de ces situations, les sociologues, historiens, politologues et philosophes du racisme mènent aussi, de manière plus ou moins explicite, une enquête sur le statut de leur objet en tant que phénomène historique. De ce point de vue, la question la plus pressante est sans doute celle de savoir comment nous sommes actuellement concerné·e·s par cette histoire. Que ce soit en tant qu’« idéologie » (C. Guillaumin ; B. Fields et K. Fields) ou « archive » (M. Foucault), dans quelle mesure et suivant quelles modalités ces catégories raciales marquent-elles encore les sociétés contemporaines ? Plus spéculative, mais non moins riche d’implications politiques, est la question des rapports entre les racismes. Est-il seulement possible, comme le proposait G. M. Fredrickson, de traiter les divers usages des catégories raciales, passés et présents, comme une seule et même histoire ? Si c’est le cas, comment situer cette histoire dans « l’ensemble des pratiques de normalisation et d’exclusion sociale » déterminé, aussi, par les rapports de classe et de genre (É. Balibar) ?

Ces réflexions sur l’actualité du racisme peuvent, à leur tour, puiser dans l’histoire du concept de racisme en tant que tel. Celui-ci a été forgé par des historiens du début du XXe siècle face à l’émergence de politiques qui se fondaient plus ou moins explicitement sur la notion de race. Depuis, le concept de racisme n’a cessé d’être contesté et remanié pour répondre à des enjeux en constante évolution. En témoignent – à titre d’exemple – les problématiques de la « racialisation » (F. Fanon), du « racisme de classe » (É. Balibar) et des « formations raciales » (M. Omi et H. Winant) ainsi qu’une distinction comme celle entre « racisme extrinsèque » et « racialisme » (K. W. Appiah). L’enjeu n’est pas que terminologique. En effet, suite aux discréditations scientifique, morale et politique du racisme biologique au milieu du siècle dernier, il a fallu décrire et analyser les nouvelles significations de la différence mises en avant dans les mobilisations racistes. Le fait que les références explicites aux variations supposément corporelles et biologiques soient devenues moins admises dans ces mobilisations est-il le signe d’une transformation profonde du racisme ? Ou l’importance croissante qu’elles accordent aux faits supposément religieux ou civilisationnels liés aux migrations révèle-t-elle, au contraire, qu’une telle « compréhension culturelle » a toujours été au cœur du racisme (W. D. Hund) ?

Avec un·e invité·e par séance, le séminaire visera à contribuer à une discussion transdisciplinaire sur ces rapports entre racisme et histoire à l’époque moderne et contemporaine.

Programme


De 17h à 19h en salle Séminaire 2, bâtiment Max Weber, Université Paris Nanterre
(sauf le 18 octobre 2018 : 17h-19h en salle L318, bâtiment Paul Ricoeur).

Organisateur : Zacharias ZOUBIR.

  • Jeudi 18 octobre 2018
Silyane Larcher, chercheure au CNRS en science politique rattachée à l’Unité de Recherches sur les Migrations et les Sociétés de l’Université Paris Diderot, présentera son ouvrage L’Autre citoyen. L’idéal républicain et les Antilles après l’esclavage (Paris, Armand Colin, « Le temps des idées », 2014).

  • Jeudi 13 décembre 2018
John J. Clegg, doctorant en sociologie à la New York University, présentera ses recherches récentes sur le « salaire du Blanc ». Il s’agira à la fois de retracer la trajectoire du concept forgé par W. E. B. Du Bois et d’étudier les évolutions effectives des salaires dans le Sud états-unien avant et après l’émancipation des esclaves. Séance en anglais.

  • Jeudi 14 février 2019
Rachida Brahim, chercheure au Laboratoire Méditerranéen de Sociologie, présentera sa thèse La race tue deux fois. Particularisation et universalisation des groupes ethniquement minorisés dans la France contemporaine, 1970-2003 (ouvrage à paraître au premier semestre 2019).

  • Jeudi 18 avril 2019
Lila Belkacem, sociologue et maîtresse de conférences à l'UPEC (LIRTES), présentera une communication intitulée « Interroger les articulations entre racisme et culturalisme. Réflexions à partir de consultations ethnocliniques en région parisienne ».

  • Jeudi 20 juin 2019 (séance reportée à l'automne 2019)
Jean-Frédéric Schaub.

Mis à jour le 19 juin 2019