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Séminaire; Non-lieux de l'exil, Auto-organisation et représentation des personnes en exil : dissensus et pratiques émancipatrices

Publié le 26 janvier 2024 Mis à jour le 29 janvier 2024

4ème séance des Non-lieux de l’exil, an 14, dans le cadre de la thématique 2023-2024 : “Exil, conflictualités et émancipations”, en partenariat avec UXIL.

Date(s)

le 7 février 2024

Lieu(x)
Salle 0.33, rez-de-chaussée bâtiment Recherche Sud - Campus Condorcet, 5 cours des Humanités - Aubervilliers (métro Front Populaire)

Programme complet des 8 séances.
Entrée libre. En hybride pour les non-résidents en Ile-de-France. Attention, les doctorant.e.s de l’E.D. 396 de l’Université de Paris Nanterre doivent s’inscrire auprès de Saskia Cousin.
Lien zoom : https://spaces.avayacloud.com/spaces/653a58eba9e06021cb26dfa3 

Intervenants
  • Serge BAGAMBOULA est animateur et formateur, chercheur au CFS-ep et membre du BESP (Bureau d’études des Sans Papiers de Bruxelles (BESP). Il a notamment publié « Une carte de « citoyenneté urbaine » à Bruxelles ? » CFS asbl, 2023 ; « Aspects spécifiques de la problématique des femmes sans-papiers », CFS asbl, 2021 ; « La carte bancaire et autres actualités des sans-papiers », BESP, Communiqué n°3, mai 2020.
     
  • Saskia COUSIN est anthropologue et sociologue au Sophiapol (Nanterre), Fellow Institut Convergences Migrations, membre du programme Non-lieux de l’exil. Ses travaux portent sur les questions d’hospitalité et de restitutions des biens culturels spoliés. Elle coordonne le volet pédagogique du programme « Hôtes Urbains » (balades urbaines conçus et guidés par des personnes exilées), partenaire d’UXIL. Dernier ouvrage : Ogun et les Matrimoines, Presses Universitaires de Nanterre, 2024.
     
  • Martin DELEIXHE  est professeur à l’Université Libre de Bruxelles, au Centre de Théorie Politique. Ses recherches se concentrent sur les reconfigurations des théories de la démocratie. Elles s’intéressent en particulier à la façon dont les migrations d’une part, et l’intégration européenne d’autre part, obligent à réviser notre compréhension du régime démocratique. Il a notamment publié avec Magdalena Dembinska et Julien Danero, Securitized Borderlands, London and New York, Routledge, 2021 ; Aux bords de la démocratie. Contrôle des frontières et politique de l’hospitalité, coll. « PolitiqueS », Paris, Classiques Garnier, 2016.
     
  • Sophie DJIGO est philosophe, professeure de philosophie en Lettres Supérieures, chercheure à STL (Lille) et fellow de l’Institut Convergences Migrations. Philosophe de terrain, ses travaux portent sur la condition migrante, les politiques migratoires françaises et européennes, ainsi que sur les formes d’hospitalité. Militante, elle a fondé en 2018 le collectif Migraction59, collectif d’accueil citoyen. Ses recherches plus récentes abordent l’articulation entre les questions migratoires et la politisation des quartiers populaires. Parmi ses ouvrages parus : Sécession (Les Etaques, 2023) ; Penser avec la frontière, avec le photographe Bastien Deschamps (D’une rive à l’autre, avril 2024).
     
  • Nicolas JAOUL est anthropologue et réalisateur de documentaires, chargé de recherche au CNRS, à l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (IRIS). Ses travaux portent sur les mobilisations des dalits (ou intouchables). Il est notamment l’auteur des film Sangharsh, Le temps de la lutte (Sister Productions, 105 minutes, 2018) et Bariz (Paris), le temps des campements (Iskra Production, 2020) de l’article « La politique des réfugié-e-s. Échos de La Chapelle en Lutte, juin-juillet 2015 », SociologieS, 2021.

Alors même que le projet de loi Asile et Immigration porté par Gérald Darmanin vise à restreindre l’accès aux droits des personnes exilées et à criminaliser l’immigration irrégulière, la question de la visibilité et de l’organisation politique des sans-papiers se pose de manière aiguë. L’anthropologie des campements documente le régime de visibilité des personnes en exil : celui de l’effacement, de l’interstice, de l’effraction. Comment exister dans l’espace public lorsqu’on est assigné à l’invisibilité, cantonné dans les marges de la cité ; comment défendre ses droits et quels droits défendre ?

Les conditions de l’encampement, à savoir l’installation transitoire, le dénuement, l’insécurité et l’invisibilité, pourraient conduire à faire de ces espaces de vie des incarnations de l’état de guerre de tous contre tous. Or, malgré ces circonstances extrêmes, la vie en commun s’organise, improvisée, progressivement élaborée. Comment se développent des modes d’organisation sociale et politique dans les lieux de vie de personnes en exil ? Quelles sont les pratiques d’autogestion mises en œuvre, par exemple à Calais, à Paris-La Chapelle, à Bruxelles ?

Loin de tout angélisme, ces organisations en autogestion interrogent l’exercice collectif du pouvoir, la production des règles, la participation démocratique, affrontées à bien des difficultés, à des formes de conflictualités non seulement entre les personnes en exil et les pouvoirs publics, mais aussi entre les personnes en exil, ou entre exilé.e.s et militant.e.s/bénévoles.

La solidarité mise en œuvre par les citoyen.ne.s solidaires fait aussi partie des éléments qui à la fois renforcent et perturbent l’autonomie et la subjectivation politique des exilé.e.s. Si le soutien est crucial, il comporte aussi sa part d’ambiguïtés ; l’enfer peut être pavé de bonnes intentions, lorsque les solidaires se donnent pour tâche de représenter les personnes en exil, de prendre la parole en leur nom, en l’absence de relais politiques, ou de décider à leur place, en vertu de leur compétence de citoyens. La représentation des personnes en exil n’est pas exempte de conflits, et les désaccords entre collectifs d’exilé.e.s ou entre personnes au sein d’un même collectif en témoignent.

Quelle représentation pour les sans-papiers ? Quelles stratégies d’organisation politique pour faire entendre les voix, pas toujours accordées, des exilé.e.s ? Comment porter la parole des personnes en exil en dehors des cadres institutionnalisés de la représentation politique ? A quand un parlement des migrants à l’échelle nationale, voire européenne ?


Cette année, Non-lieux de l’exil est conçu en partenariat avec  UXIL – L’université en exil / Campus Condorcet,  l’Institut Convergences Migrations  (Programme Co-Front),  l’ED 396 Université de Paris-Nanterre, le Sophiapol (Université de Nanterre), le GERiiCO (Université de Lille), le  CESSMA (UMR 245),  et le  groupe de recherche Aesthetics, Politics & Knowledge de l’Institut de Philosophie de l’Université de Porto.Les séances sont élaborées par deux membres de l’équipe dans le cadre d’une thématique générale, débattue collectivement – cette année “Exil : conflictualité et émancipation”. Des journées d’études et manifestations sont également organisées en collaboration avec d’autres partenaires.

Mis à jour le 29 janvier 2024