Colloque "Théories de la reconnaissance et philosophie française. Vers la reconstitution d'un dialogue", 6 et 7 mai 2008


Les théoriciens de la reconnaissance se sont souvent tournés vers la philosophie française. Le statut et les modalités de cette référence n'ont cependant pas encore reçu l'attention qu'ils méritent. Ces deux journées d'études se donnent précisément pour objectif de mieux cerner les divers rôles que joue la référence à la philosophie française contemporaine dans les théories de la reconnaissance.

D'une part, il s'agira d'examiner la manière dont les théoriciens de la reconnaissance se sont inspirés de la philosophie française contemporaine. On a déjà beaucoup étudié les influences de Hegel, de l'Ecole de francfort et de G.H. Mead sur l'élaboration du cadre des théories de la reconnaissance.  On s'intéressera ici à l'influence qu'a pu exercer sur les théories  de la reconnaissance, la philosophie française de Sartre à Derrida en passant par Merleau-Ponty, Foucault, Lyotard et Levinas etc. De profondes divergences peuvent ressortir de l'interprétation des pensées de ces philosophes dans le cadre des théories de la reconnaissance. Il suffit, pour s'en faire une idée, de se rapporter aux références que font A. Honneth et N. Fraser au projet déconstructiviste : A. Honneth, se servant surtout des derniers écrits de Derrida, articule le projet de déconstruction aux éthiques de la sollicitude, du care, introduites notamment par C. Gilligan. N. Fraser, s'appuyant sur les premiers écrits de Derrida, relie le projet déconstructiviste à ce qu'elle appelle « la reconnaissance transformatrice », une politique culturelle anti-essentialiste qui viserait à contrer les inégalités institutionnelles de l'estime sociale en restructurant les relations de reconnaissance afin de déconstruire et de mettre en question l'identité que les individus et les groupes cherchent à faire reconnaître. De même, on peut constater que les interprétations de la pensée foucaldienne par J. Tully, Ch. Taylor, N. Fraser et A. Honneth sont également bien différentes voire sur certains points opposées. Nous visons donc, en un premier temps, à clarifier et à évaluer ces diverses interprétations et utilisations.
D'autre part, il s'agira de concevoir un renouvellement du potentiel normatif et politique de la philosophie française contemporaine dont la portée politique est toujours discutée et contestée. Comme le remarque A. Honneth, la critique que fait Habermas de la philosophie française dans les années 80 a eu « un effet très préjudiciable et a placé le rapport franco-allemand sous la rubrique de l'irrationalité versus la rationalité », ce qui a entraîné « une certaine sous-estimation de plus en plus répandue de la tradition française » à tel point que « nous nous trouvons maintenant dans une situation où le dialogue à été interrompu ». Les théoriciens de la reconnaissance nous offrent une occasion de relancer ce dialogue et d'explorer de nouveau la capacité de la philosophie française à avoir trait aux préoccupations de la philosophie politique tout en faisant ressortir son potentiel normatif. Ces deux journées d'études auront lieu en mai et seront organisées de la manière suivante:

En un premier temps,
nous tenterons de cerner l'influence de la philosophie française sur la formation des catégories majeures de certaines théories de la reconnaissance. Cet axe recouvre trois orientations principales. Nous nous concentrerons en effet sur l'étude de l'influence de la philosophie française (de Sartre à Derrida en passant par Levinas, Ricoeur, Lyotard) sur les théories de la reconnaissance. Nous tenterons aussi de cerner l'apport de la tradition psychanalytique française, et notamment de la pensée lacanienne, aux théories de la reconnaissance. Une troisième orientation consistera en une exploration des apports de la théorie sociale (G. Sorel, L. Althusser, M. Foucault) et de la tradition sociologique françaises (de Durkheim et Mauss à Bourdieu ou Boltanski) aux débats actuels sur la reconnaissance.

En un second temps,
nous nous concentrerons sur des démarches qui tentent de faire dialoguer de manière inédite et féconde philosophie française et théories de la reconnaissance. Il s'agira de nous pencher sur des démarches qui proposent notamment de revisiter le cadre des théories de la reconnaissance à l'aune de la philosophie française, comme, à titre d'exemple, celle de J.P. Deranty qui a montré en quoi la pensée de Honneth se caractérisait par une élision problématique de la nature, en s'appuyant en particulier sur une relecture de M. Merleau-Ponty. Nous nous intéresserons tout particulièrement aux démarches qui s'appuient sur l'apport de la philosophie française contemporaine pour développer une réflexion critique sur les théories de la reconnaissance, pour en réinterroger les catégories et le cadre conceptuel.

Les interventions pourront se faire en français ou en anglais.

Organisation

Miriam Bankovski (Doctorante UNSW et Université Paris Nanterre)
Alice Le Goff
(Université Paris Nanterre - Sophiapol)

Lieu

6 mai :
Campus Jourdan/ENS,
48 boulevard Jourdan
75014 Paris (Grande Salle)
Métro: Porte d'Orléans (Ligne 4)/RER: Cité Universitaire (Ligne B)


7 mai:
Campus de Université Paris Nanterre-Nanterre
(Bâtiment K, salle des colloques)

Station RER : Université Paris Nanterreniversité (ligne A, direction Saint Germain en Laye).

Programme



 Mardi 6 mai 2008

L'influence de la philosophie française contemporaine

9h30 - Présentation du colloque par M. Bankovsky, Ch. Lazzeri et A. Le Goff
10h - Jean-Philippe Deranty (Université de Macquarie, Sydney): «Merleau-Ponty and the Contemporary Theory of Recognition »
10h30 - Discussion
10h50 -  Isabelle Aubert (Paris I-Panthéon-Sorbonne) : « La figure de l'autre chez J. Habermas et J. Derrida »
11h20 - Discussion
11h40 - Marie Garrau (Université Paris Nanterre-Nanterre) : « Reconnaissance, genre et subjectivité : Iris Young lectrice de Maurice Merleau-Ponty et de Simone de Beauvoir »
12h10 - Discussion
12h30 - Déjeuner
14h00  - Jean-Michel Salanskis (Université Paris Nanterre-Nanterre) : «Honneth, Lyotard, Lévinas »
14h30 - Discussion
14h50 - Olivier Ruchet (IEP Paris) : « Sifting Through Foucault: Identity, Power, and Recognition in Wolin, Taylor, and Connolly »
15h20 Discussion
15h40 Pause

Apport des approches psychanalytiques

16h00 - Catherine Malabou (Université Paris Nanterre-Nanterre) : « La reconnaissance et le sens du regard »
16h30 - Discussion
16h50 -  Claire Pages (Université Paris Nanterre-Nanterre) :"René Kaës, une réflexion sur le déni dans les ensembles transsubjectifs"
17h20 - Discussion
17h40 - Soraya Nour (Centre Marc Bloch /Berlin - CHJ Lille 2) : « La reconnaissance du soi ». 
18h10 - Discussion
18h30 - Fin de la séance
Mercredi 7 mai 2008

Théorie sociale et sociologie


10h - Christian Lazzeri (Université Paris Nanterre-Nanterre) : « Le concept de conflit dans la sociologie de Bourdieu »
10h30 - Discussion
10h50 - Oliver Voirol (Université de Lausanne) : "Interobjectivité et/ou  réifification".
11h20 Discussion
11h40 - Alice Le Goff (Université Paris Nanterre-Nanterre) :  "Conflit et reconnaissance chez J.P. Sartre".
12h10 - Discussion
12h30 - Déjeuner



Faire dialoguer philosophie française et théories de la reconnaissance

14h00 - Paul Patton (Université de New South Wales à Sydney) : «Colonisation, Legitimacy and Recognition »
14h30 - Discussion
14h50 - Gabriel Rockhill (Université de Villanova) :« Contextualisation and Critique: The Politics of Difference/ The Politics of Culture »
15h20 - Discussion
15h40 - Pause
16h00  - Miriam Bankovsky (Université Paris Nanterre-Nanterre et Université de New South Wales, Sydney) : « Nancy Fraser and Deconstructive Justice: Transformative Recognition »
16h30 Discussion
16h50 - Yves Cusset (IUFM de Créteil) : « Norme de la reconnaissance et exigence de l'accueil. Réflexions à partir de Lévinas et Habermas »
17h20 Discussion
17h40  -  Edelyn Dorismond (Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis) :« Pour une phénoménologie de la reconnaissance : entre « sentir pur » et la valeur »
18h10 - Discussion
18h30 - Fin du colloque

Mis à jour le 11 septembre 2012