Care, justice et dépendance

Publié le 13 avril 2010 Mis à jour le 12 mai 2017

auteurs : Marie Garrau et Alice Le Goff Paris, PUF, coll. Philosophies, avril 2010

Qu'est-ce que la dépendance ? Comment inclure à part entière les personnes dépendantes dans la communauté politique et morale ? Dans quelle mesure sommes-nous tous dépendants du souci des autres ? Enfin, comment rendre justice à cet aspect fondamental de toute vie humaine ? Ces questions, qui n'ont rien d'évident dans des sociétés où l'autonomie individuelle et l'égalité entre individus constituent les normes morales et politiques dominantes, ont fait l'objet de nombreuses réflexions dans la philosophie féministe contemporaine, principalement anglo-saxonne. Situées au point de départ des éthiques du care que l'on peut traduire par éthique du souci ou du soin elles ont permis de rendre visibles des domaines de l'expérience morale et sociale considérés comme marginaux par les théories morales et politiques traditionnelles. Elles ont ainsi conduit à des reformulations importantes des théories contemporaines de la justice, sur la base d'une anthropologie politique qui cherche à rendre compte de la constitution relationnelle des agents moraux et tente de prendre au sérieux leur vulnérabilité.
Ce livre présente les débats qui ont entouré le développement des théories du care, depuis la formulation d'une éthique du care par Carol Gilligan en 1982, jusqu'aux travaux plus récents consacrés à la sociologie des pratiques de care et aux réflexions qui, dans le champ de la théorie politique, visent à penser l'articulation entre care et justice. Il cherche ainsi à rendre sensible l'importance et l'ampleur des interrogations ouvertes par cette perspective de recherche, dans les champs de la philosophie morale, de la sociologie et de la théorie politique, et propose d'en faire le pivot d'une nouvelle conception de la citoyenneté.


Table des matières

Introduction

Chapitre premier. Les représentations sociales de la dépendance
Penser la dépendance : quel modèle ?
La dépendance comme incapacité : le cas de la politique vieillesse en France
La dépendance comme symptôme d'échec : les effets ambivalents des politiques d'assistance

Chapitre II. Le potentiel moral des relations de dépendance : les apports de l'éthique du care
Carol Gilligan et le témoignage de la « voix différente »
Le care, une éthique féminine ?
Les impasses du maternalisme

Chapitre III. Au-delà d'une théorie morale du care : la centralité sociale des activités de care
« Dégenrer » le care ? Joan Tronto et le problème des « frontières morales »
Une définition holiste du care
Des activités de care au « travail de la dépendance »

Chapitre IV. Care, justice et citoyenneté : perspectives théoriques sur la politisation du care
Vers un troisième principe de justice : la proposition d'Eva F. Kittay
Du care aux capabilités : l'apport de Martha Nussbaum
Care et citoyenneté : promouvoir la non-domination


Marie Garrau est agrégée de philosophie et ATER à l'Université Paris Nanterre, où elle poursuit une thèse consacrée aux usages de la notion de vulnérabilité dans la philosophie politique contemporaine, sous la direction de Ch. Lazzeri.
Alice Le Goff est agrégée de philosophie et ATER en sciences politiques à l'Université de Versailles-Saint-Quentin. En 2009, elle a soutenu une thèse de philosophie politique sous la direction de Ch. Lazzeri et intitulée : « Démocratie délibérative et démocratie de contestation : repenser l'engagement civique entre républicanisme et théorie critique ».

Mis à jour le 12 mai 2017