Socio-anthropologie des émotions

Socio-anthropologie des émotions

Groupe de travail

du

Laboratoire d'analyses socio-anthropologiques du contemporain
(Lasco, Groupe de recherches (GDR) du Sophiapol)

Responsable : Julien Bernard

* * *      Présentation générale     * * *

    La sociologie des émotions s'intéresse aux émotions dans la vie sociale, que celles-ci soient exprimées ou refoulées, par une ou plusieurs personnes, dans des situations sociales plus ou moins déterminées, et en rapport avec un phénomène social plus ou moins identifiable. Au sens large, elle s'intéresse aux façons dont les émotions sont conceptualisées, vécues et exprimées dans différents groupes sociaux, les relations entre processus sociaux et émotions, l'influence du social sur le modelage des émotions par la mise en valeur ou au contraire le contrôle de certaines émotions.

    L'attention portée aux comportements expressifs et aux configurations des situations sociales éclaire les mécanismes sociaux de régulation ou d'orchestration des émotions (socialisations, définitions sociales des normes et des valeurs, différenciation des rôles et des statuts, discours, représentations...) et par les émotions (dynamique de l'émotion dans l'interaction, conséquences pour les individus et l'ordre social, révisions des situations ou des rapports au monde), que l'on considère que les émotions voilent ou dévoilent des logiques sociales (expressions du rapport au monde des individus), qu'il s'agisse d'expliquer sociologiquement les émotions (socio-génèse des émotions) ou qu'il s'agisse plutôt d'en appréhender les effets sociaux.

   Le rapport des émotions à la vie sociale constitue le point focal de la démarche de problématisation, les émotions étant considérées à la fois comme des phénomènes de la vie affective (sentiments, affects, humeurs, sensations), et comme un mode d'approche des collectifs et du social (pratiques, représentations, normes, valeurs, éthos, stratification, etc.).

    La sociologie des émotions s'applique théoriquement à tous les champs sociaux (médias, éducation, sport, politique, religion, famille...), et s'appuie sur une diversité de recueil et de traitement des données (ethnographie, récits de vie, questionnaires, analyse documentaire, méthode historique, etc.) Elle ne comporte pas de cadre théorique unifié et puise dans diverses traditions (durkheimienne, wébérienne, interactionniste...), favorisant une réflexivité disciplinaire dans la mesure où toutes les sociologies comportent une sociologie des émotions implicite. Cependant, il convient de prendre en compte que le champ s'est développé principalement (ou plus explicitement) aux Etats-Unis d'Amérique où l'accent a été placé sur les processus de construction sociale des subjectivités par les interactionnistes et sur l'ajustement émotionnel des situations sociales dans le naturalisme goffmanien. Cette focale microsociologique des émotions, toujours en effet situées dans des contextes sociaux particuliers, est souvent allée de pair avec une approche ethnographique, comme dans diverses études anthropologiques s'intéressant aux rapports entre les émotions et les cadres sociaux ou culturels, mais celle-ci ne saurait être considérée comme la seule méthode d'approche des émotions.

    L'objectif de ce groupe de travail n'est donc pas de cloisonner la réflexion sociologique sur les émotions autour d'une théorie, d'un terrain ou d'une méthode, mais au contraire d'ouvrir un espace de dialogue et d'échanges autour de résultats d'enquêtes qui peuvent être issus de tous les espaces sociaux dans la mesure où ils cherchent à problématiser l'expression ou le contrôle des émotions à l'aide de ressources sociologiques ou anthropologiques.

         Un volume spécifique de la revue Terrains/Théories aborde cette perspective.


 

 

Mis à jour le 12 octobre 2018